Est-ce ancré dans notre humanité d’agir par compassion, d’être sensible à la détresse d’autrui et d’être poussé par une volonté d’agir par bienveillance ? Voilà un discours bien utopique, mais je veux y croire et c’est à Sainte-Anne que j’en ai fait la réalisation.
Cette sensibilité envers notre environnement est l’expression d’une réceptivité et d’une compréhension de la vulnérabilité qui nous rend humain. Il y a là la naissance d’un enthousiasme des sens et de l’esprit d’être à l’écoute et réceptif sur le plan affectif. C’est un sentiment qui s’oppose à l’indifférence et l’impassibilité qui naissent dans l’ignorance. Effectivement, je pense que ne pas avoir l’opportunité de cultiver sa curiosité envers son entourage et au-delà est l’une des causes menant à un manque de compassion.
Dès mes premiers jours en tant qu’étudiante à Sainte-Anne, on m’a proposé d’aller à la rencontre de cette vulnérabilité qui nous entoure et cela, principalement à travers des projets de recherche. À mes yeux, c’est par des travaux d’analyse sur différents sujets que les professeurs ont, entre autres, fait appel à notre compassion. Cultiver l’acuité de la pensée, c’est-à-dire cet enthousiasme de l’esprit qui mène au développement d’une vision élaborée et sensible de la réalité. De là peut naître une volonté d’investir ces connaissances dans une optique d’entraide et d’aspiration à construire à partir de la souffrance et de la détresse de notre environnement. D’ailleurs, les petits et les grands projets ont nécessité une analyse selon un point de vue humain et environnemental, permettant ainsi d’engager une discussion avec l’inconnu sous toutes ses formes. C’est là que l’on donne des ailes à la compassion par la recherche de solutions et d’actions concrètes. Parmi les nombreuses recherches que j’ai eu la chance de réaliser, je pense aux projets sur le braconnage, sur la gestion des déchets dans le monde, sur les maladies mentales et aussi sur les troubles du système endocrinien. Ceux-ci m’ont poussée à ouvrir les yeux sur toutes sortes d’enjeux et à m’émouvoir face aux solutions possibles.
Ainsi, je considère que la compassion est la trame de fond qui laisse libre expression à la collaboration, à la communication et à la créativité. De la collaboration émerge un sentiment de compassion envers un sujet qui pousse des individus à s’unir les uns aux pour vaincre. Par la suite, cette compassion mène à communiquer de manière réceptive entre pairs et envers l’enjeu afin d’élaborer une résolution. Finalement, la compassion est l’essence de la volonté de création à mes yeux. C’est ce sentiment de bienveillance et de sympathie qui propulse vers cet instinct de création. Voyez-vous cet orchestre qui est guidé par la compassion ? La compassion rythme et synchronise la collaboration, la communication et la créativité pour en faire une symphonie harmonieuse et puissante.
J’aime penser que nous sommes reliés les uns envers les autres par des ficelles. Que nous sommes capables de ressentir les vibrations de ces ficelles lorsqu’un proche a l’esprit ou le cœur sous tension. C’est cette symphonie de la compassion qui nous fait tous vibrer et nous entraîne dans la danse. Cependant, elle n’est pas tout à fait innée, mais il serait plutôt question d’aiguiser notre ouïe face à cette harmonie et d’apprendre à en faire partie. À Sainte-Anne, j’entends et je suis entraînée par cette symphonie qui résonne dans toute l’école telle que dans un agora.
Yasmine Benzidane
Étudiante en Sciences de la nature, 2e année